Bresk !

Le programme de l’édition 2023 est à découvrir en cliquant ICI

Bresk : un joli mot breton pour dire fragile. Comme les langues, celles dominées, que l’on entend et on lit trop peu. Comme le travail de traduction aussi, « la langue des langues » selon l’écrivain kényan Ngugi Wa Thiong’o, et les traductrices et traducteurs qui portent les mots d’une rive à l’autre, élargissant nos horizons et cependant trop souvent dans l’ombre.

Pendant deux jours, les 10 et 11 juin, dans le port de Douarnenez, ça va sentir bon l’air du large, les langues d’ici et d’ailleurs : que vous parliez plusieurs langues ou une seule, que la question de la traduction ne vous ait jamais effleuré, ou au contraire que vous ayez plusieurs langues à la bouche et que la traduction ça vous connaît, ce temps fort est pour tou.tes, seule la curiosité est requise.
Venez pour le week-end, venez juste pour un atelier ou une rencontre, tout est permis !

Et comme le voyage est plus joyeux si on le fait en compagnie, mersi bras à Bretagne Culture Diversité, Emglev Bro Douarnenez, le Festival de cinéma, La Obra et C’hoariva, sans oublier les belles équipes de la Librairie de l’Angle rouge et du Port-Musée, d’avoir sauté dans le bateau et pris le gouvernail à tour de rôle.

Alors voilà, Bresk ! Pour célébrer le pluriel des langues et leur égalité, pour créer la rencontre, être là ensemble avec nos accents, nos langues, nos histoires et nos mots : une Babel heureuse !

photo : Karine Baudot

Le programme en PDf est ici :

Et en jpeg ici :

PROGRAMME

VENDREDI 10 JUIN
Librairie de L’Angle rouge, 9 Rue de l’Hôpital, 18h30
Inauguration de l’exposition François Maspero, le voyageur étonné. Une occasion unique de partager la mémoire de celui qui fut à la fois libraire, éditeur, écrivain et traducteur-orfèvre.
François Maspero demandait : Comment prétendre raconter des histoires, quand on a soi-même l’ambition de ne pas « se raconter d’histoires » ? Nous lui répondons avec une lecture-dégustation de ses textes, honnêtes, engagés, tous animés par une imperceptible petite musique intérieure...
L’expo sera visible du 1er au 11 juin aux horaires d’ouverture de la librairie.

Auditorium du Port-Musée, place de l’Enfer, 20h45
La langue de la papivole, spectacle de Matao Rollo
Papivole : un joli mot de gallo pour désigner le papillon. La langue de la papivole : pour rappeler que le gallo est aussi une poésie fragile capable de métamorphoses. Pendant un peu plus d’une heure, Matao Rollo vous propose de butiner, de-ci de-là, entre littérature et oraliture, quelques écrits et dits en gallo. Conte, lecture, chant et slam, voici donc un joli bouquet de drôlerie et d’émerveillement.
Entrée : 5 euros. Gratuit pour les moins de 10 ans.

SAMEDI 11 JUIN
Auditorium du Port-Musée, place de l’Enfer
11h – 12h
« T’as un accent, il vient d’où ? » : glottophobie, quand les accents excluent.
Le sociolinguiste Philippe Blanchet est le fondateur du concept de glottophobie, une discrimination fondée sur la langue. Avec Stéphanie Clerc-Conan, maîtresse de conférences à l’université de Rennes, il a mené une enquête de terrain et collecté des témoignages de personnes discriminées à cause de leur accent, régional ou étranger. Lors de cette rencontre, ils nous expliqueront comment le culte d’une langue, cette « passion française » en apparence innocente, entraîne le rejet de qui parle autrement, toutes catégories sociales confondues.

12h – 12h45
« C’est pas français, c’est pas breton… c’est douarneniste ça non ? »
Le douarneniste, on le cause, ou bien justement on ne le cause pas, on l’entend parfois au marché ou sur la plage des Dames ou bien on l’a toujours entendu à la maison. Il fait partie de cette ville, certains l’ont chevillé au corps et d’autres le découvrent en arrivant. Mais finalement, le douarneniste, qu’est-ce que c’est ? Le Port-musée de Douarnenez, l’association Emglev Bro Douarnenez et un groupe de passionnés et d’universitaires ont commencé un travail au long cours : étudier, collecter et faire résonner le douarneniste avec tous ceux qui auront envie de rejoindre l’aventure. Venez découvrir les résultats des premiers entretiens menés par le groupe !
https://emglev-bro-dz.bzh/

Patio de la médiathèque, 13h – 14h
A tavola ! : buffet aux saveurs d’ailleurs, à croquer ensemble sous le soleil breton !

Estacades du Port-Musée, quai du Port-Rhu, 14h – 16h
Atelier d’initiation à la traduction, swahili – français
Mené par Nathalie Carré, traductrice et maîtresse de conférences en langue et littérature swahili, cet atelier est ouvert à tou.te.s, aucune connaissance préalable du swahili n’est requise. Certaines langues dominent de manière écrasante le marché alors que d’autres, très nombreuses, sont sous-représentées. Parmi celles-ci, les langues africaines dont le swahili, langue dont la tradition littéraire (écrite ou orale) est pourtant longue et le nombre de locuteur.rice.s important. Malgré une production littéraire conséquente, à peine une dizaine d’ouvrages en langue originale swahili est disponible en traduction française à l’heure actuelle. Comment alors faire exister les textes par le biais de la traduction ? Quels défis se posent au traducteur.rice d’une œuvre issue d’une sphère culturelle différente de celle du public français ? La traduction d’un court extrait nous permettra de répondre à ces questions et de saisir, en pratique, les questionnements auxquels sont confrontés les traducteurs et les traductrices.

Auditorium du Port-Musée, place de l’Enfer, 14h – 15h
Désirs de langues, désirs de films
BED, Bretagne et Diversité, est un site bilingue français-breton, qui donne accès à plus de 800 documentaires, gratuitement. Il permet d’explorer des filmographies de minorités ( Bretons, Corses, Aborigènes, Berbères, Papous, Roms...), de remonter au fil de la mémoire du Festival de cinéma de Douarnenez, de retrouver des films par thématiques : langues, femmes, résistances, environnement...
En partenariat avec l’association Bretagne Culture Diversité, qui produit et accompagne BED, nous vous invitons à une plongée en images dans l’univers des langues. Caroline Troin, convertie à la pêche aux documentaires, nous fera découvrir quelques jolis extraits ou films qui arpentent la question linguistique, de façon savoureuse, poétique, créative.
http://bretagne-et-diversite.net/fr/

Patio de la médiathèque, 15h – 16h
Rapports de langues : rencontre avec la traductrice Camille Luscher
En avant-goût de Helvètes Underground, 44ème édition du Festival de Cinéma dédiée cette année à la Suisse, rencontre avec Camille Luscher, traductrice suisse de l’allemand vers le français et directrice de collection aux éditions Zoé. Comment traduire un rapport entre deux langues ? Aussi bourrus qu’expressifs, les personnages de l’écrivain suisse Arno Camenisch parlent un allemand mâtiné de romanche. Cette langue, élevée au statut de langue nationale en Suisse, voit son nombre de locuteurs fondre comme neige au soleil. Dans les traductions, le français intervient en tierce langue, avec pour mission de sauver le romanche qui survit dans l’allemand. Parfois, le rapport à une autre langue est plus ténu encore, et la langue a tellement disparu qu’elle n’apparaît plus qu’en filigrane. C’est le cas des œuvres de Mariella Mehr, poétesse suisse d’origine yéniche, qui écrit poèmes et proses dans un allemand où subsiste l’ombre d’une langue perdue au fil de décennies de persécution.
http://www.festival-douarnenez.com/fr/

Patio de la médiathèque 16h30 – 17h
Les langues minorées à travers le monde : dégustation sonore
“Les arts sont ce qui sauvent le meilleur de l’humanité”, dit le Sous Commandant Moisés, de l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional. Les langues minorées sont présentes dans de nombreux arts : le maya ou le mapudungun, langues de résistances face à l’envahisseur, sont aujourd’hui utilisées par les nouvelles générations, qui font ainsi revivre la langue et leur culture. Il en est de même de ce côté-ci de l’atlantique, où les langues survivent entre autres grâce à l’art, au chant, face à des états toujours plus puissants. 
Une petite pause artistique sera donc proposée par La Obra pour nous faire voyager quelques instants !
 https://laobra.bzh

17h – 18h
Le rebond sur la toile, du taïwanais au breton
Le taïwanais, une des langues de Taïwan, a subi des répressions sous la dictature chinoise pendant environ 40 ans. La pratique du breton et d’autres langues régionales de France a également été réprimée dans le passé.
Li-Chin Lin, autrice de BD de Taïwan, qui était en résidence d’écriture avec Rhizomes en 2020, nous parlera de la manière dont ses compatriotes utilisent l’internet pour sauver et redynamiser le taïwanais.
Stefan Moal, maître de conférences en langue bretonne, nous parlera également de la présence de plus en plus dynamique et variée du breton sur les nouveaux médias.

18h – 18h30
Selaou ’ta ! Écoute donc ! Un brin de théâtre
Au printemps 2021, l’association C’hoariva a lancé un appel à écriture, ouvert à tous, sur le thème "J’aime ma langue car…". La finalité était de réunir des textes pour réaliser un stage et travailler sur le chœur, la voix du peuple dans le théâtre antique. Un petit groupe vous propose d’écouter quelques-unes de ces paroles d’amour pour une langue, le breton. Quelques surprises viendront sûrement vous chatouiller au creux de l’oreille…
www.teatr-brezhonek.bzh

Apéro de clôture : on discute, on échange nos numéros, on reste en contact, on boit un petit verre ensemble !

Tous les événements, à l’exception du spectacle La langue de la papivole, sont gratuits et ouverts à tou.te.s.
Mais pour nous faciliter les choses l’inscription est vivement souhaitée, alors n’hésitez pas à nous écrire un message à cette adresse : rhizomes.dz@gmail.com
Et si vous n’êtes pas inscrits, venez quand même !